Il y avait pourtant un espoir pour que cette page tragique, qui témoignera pour l’éternité des massacres et des exactions commis par la France coloniale, soit tournée pour en écrire une autre…
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La question mémorielle s’est inévitablement invitée dans le discours à la nation, prononcé dimanche, devant les deux chambres du Parlement par le président de la République. Inévitable eu égard aux attaques, aux relents de haine et de xénophobie dont l’Algérie est actuellement la cible de la part de la droite et de l’extrême droite françaises, notamment, qui n’ont pas fait leur deuil de cette «Algérie française», un rêve qu’elles ont entretenu durant plus de cent trente années de colonisation, évanoui lorsque des Algériennes et des Algériens d’exception ont décidé de faire parler les armes pour retrouver leur liberté. Il aura fallu pour cela mener une guerre de libération qui a fait l’admiration du monde et qui a duré plus de sept longues années. Le tribut aura été lourd : 1500000 Algériens ont été assassinés. La torture, les exécutions sommaires, les enfumades, les tirs à bout portant… toute la panoplie du colonisateur sanguinaire y a été employée. Cela a laissé des traces indélébiles, des cicatrices que le temps n’effacera pas. Un moment de l’histoire tragique de l’Algérie qui ressurgit à chaque célébration qui lui est liée. Il est inscrit pour l’éternité dans la mémoire de tout Algérien fier de son histoire et jaloux de l’indépendance de son pays, prêt à le défendre dès que son intégrité est menacée. «Nous préservons notre mémoire nationale et nous y attachons une grande importance», a souligné le président de la République, rappelant que «lorsque le colonisateur a foulé le sol de l’Algérie, le peuple algérien était instruit, et l’Algérie était un grenier de blé, mais la colonisation a commis massacre après massacre à travers tout le territoire de notre pays, n’apportant que destruction, ruine et extermination du peuple». Malgré ce qu’elle a enduré l’Algérie assume son histoire et n’insulte pas l’avenir. Son Président est un homme de dialogue, d’échange d’égal à égal et de paix. Les va-t-en guerre français doivent revoir leurs positions, donner la chance à un nouveau départ qui apaiserait les relations franco-algériennes. La balle est dans le camp français. En ce sens, nous faisons confiance au génie de son peuple. L’Algérie, dont les positions nobles sont immuables quand elle fait du respect du droit international, du droit des peuples à l’indépendance, de la non-ingérence et de la paix dans le monde des principes qu’elle n’a eu de cesse de promouvoir. Aucune pression ne saurait la faire plier. Elle en a donné un aperçu au Conseil de sécurité des Nations unies où elle siège en tant que membre non permanent voilà pratiquement une année maintenant. L’Algérie a affiché son intention d’avoir des relations apaisées avec l’ancienne puissance colonisatrice. Ses conditions sont claires. La France lui doit des excuses, une repentance, pour ses crimes commis pendant la période coloniale. Rien de plus. «La valeur de nos martyrs tombés durant la résistance et la glorieuse Révolution de libération est bien plus précieuse que des milliards de dollars. Je ne demande pas à l’ancien colonisateur des réparations matérielles mais bien la reconnaissance de ses crimes», a clamé le chef de l’État en évoquant, le 29 décembre, la question mémorielle devant les membres du Congrès. Il y avait pourtant un espoir pour que cette page tragique, qui témoignera pour l’éternité des massacres et des exactions commis par la France coloniale, soit tournée pour en écrire une autre. Emmanuel Macron semblait être le chef d’État le mieux indiqué avec le président Abdelmadjid Tebboune pour jeter les passerelles qui conduiront à une relation apaisée entre les deux rives de la Méditerranée. La reconnaissance sans détour de la «marocanité» du Sahara occidental par le président français puis les campagnes anti-algériennes menées par le camp de Marine Lepen et ses acolytes ont fait exploser les relations franco-algériennes.
Par Mohamed Touati (Source l'expression)