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Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) n’est pas un mouvement clandestin.
Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) n’est pas un mouvement clandestin.
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Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) n’est pas un mouvement clandestin. C’est un parti politique agréé, reconnu par l’État algérien depuis plus de trente-cinq ans. Pourtant, chaque fois qu’il tente d’exercer ses droits les plus élémentaires — organiser une conférence, tenir un meeting, rencontrer des citoyens — il se heurte à une mécanique bien huilée de blocages, de refus tacites et d’injonctions absurdes. Le dernier épisode en date : l’interdiction, sans la moindre justification écrite, d’une rencontre publique à Alger. La salle était réservée, le public mobilisé. Mais l’administration a tranché : ce sera non. Sans motif. Sans honte.

C’est désormais une habitude : le pouvoir ne conteste plus ses opposants, il les empêche d’exister. Il ne débat pas, il verrouille. Il ne convainc pas, il neutralise. Le RCD, comme d’autres partis et syndicats réellement autonomes, est méthodiquement écarté de la scène publique. Non parce qu’il enfreint la loi, mais parce qu’il la revendique. Ce régime ne tolère que les silences loyaux, les faux pluralismes, les oppositions sur mesure. Il déteste ce qui pense librement, parle clairement, agit sans autorisation préalable.

Ce harcèlement n’est pas un cas isolé : c’est une stratégie d’État. Une répression douce, mais constante. Depuis le surgissement du Hirak, le système n’a pas réformé : il a resserré l’étau. Syndicats autonomes, collectifs citoyens, médias libres — tous font l’expérience du même étouffement organisé. Ce que nous vivons, ce n’est pas la gestion d’un ordre public : c’est la panique d’un régime sans base sociale, sans vision, sans légitimité. Un régime qui, à défaut de convaincre, interdit.

On brandit encore la Constitution comme un paravent. On cite les libertés politiques comme un argument touristique. Mais dans les faits, la loi n’est plus qu’un outil de tri : elle protège les obéissants, elle punit les insoumis. L’agrément d’un parti ne garantit plus un droit, mais accorde une permission révocable. La démocratie est devenue un décor, une mise en scène où l’on choisit à l’avance qui peut jouer. Ce n’est pas un État de droit que l’on construit, mais une machine à faire taire, à filtrer, à punir.

Face à cela, le silence ne peut être une option. Ce que le RCD subit, d’autres le vivront demain. Cette politique de l’étranglement vise toute forme d’autonomie. Elle ne s’arrêtera pas d’elle-même. Elle doit être nommée, dénoncée, combattue. L’Algérie n’a pas besoin d’un pouvoir qui distribue les autorisations comme des faveurs. Elle a besoin d’un État qui respecte ses propres lois — et d’une société civile qui refuse de vivre sous les plafonds bas de la peur.

Refuser cette normalisation de l’arbitraire n’est plus un choix : c’est une nécessité démocratique. Aucun dialogue n’est possible dans un pays où l’opposition n’a même pas le droit de se réunir. Aucune paix ne sera durable sans justice politique. Et aucune République ne mérite ce nom si elle interdit la contradiction.

Il ne s’agit plus de défendre un parti, mais de préserver l’idée même de pluralisme.

Et de rappeler, une fois encore, que sans opposition libre, la République n’est qu’un mot vide. 

F-B

 

Tag(s) : #info direct
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